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Alliance Française Melbourne will be closed for the holidays from 19 December to 8 January (inclusive) 🎄
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par Alexandra Balafrej Read English version
Chaque année, depuis plus d’un siècle, des milliers de jeunes du Victoria font vivre la poésie française
aux Antipodes de la France.
Expérience unique et mémorable pour les candidats, le concours Berthe Mouchette renforce la vitalité du français
en Australie.
Dans le Victoria, le concours Berthe Mouchette joue un rôle clé dans la promotion de la langue et de la culture francophone, mission phare de l’Alliance Française. Tous les ans, entre mai et novembre, ce sont plus de 16 000 candidats qui vivent l’expérience du concours. Le concours a pour vocation de récompenser, en partenariat étroit avec les écoles qui enseignent le français, les meilleurs étudiants de français des écoles primaires et secondaires du Victoria. Les candidats des années 3 à 10, âgés environ de 8 à 16 ans doivent réciter un poème proposé par l’Alliance devant un examinateur français venu dans leur école. Les élèves des années 11 et 12, près de passer le VCE, sont eux notés sur deux parties : une conversation générale puis, au choix, la récitation d’un poème ou une discussion sur un thème étudié en classe. Les plus âgés peuvent également passer l’écrit du concours qui consiste en une épreuve de compréhension et d’expression de deux heures.
Des centaines de poèmes, appris depuis plus de cent ans
A la clé du concours pour les meilleurs candidats, un certificat, des livres en français et même un voyage en Nouvelle
Calédonie pour les lauréats du Prix La Pérouse des années 11 ou 12. Les examens annuels avec distribution de
prix de l’Alliance Française de Melbourne existent depuis plus de cent ans. On comptait 35 inscrits en 1894, quatre ans
après la création de l’Alliance Française par Berthe Mouchette. Le rapport annuel de l’Alliance
Française de 1893-1894 insiste sur l’objectif des examens, propager l’étude pratique du français,
et sur leur « sérieux ».
Le décor est planté. Par la suite, le concours ne cesse de se développer. Le nombre de candidats au concours ne diminue
que dans les années 1972-74 lorsque les essais nucléaires dans le Pacifique ternissent temporairement les relations entre la
France et l’Australie. Les inscriptions aux examens de l’Alliance Française passent sous la barre des 8 000 candidats en
1974. Lors des derniers essais nucléaires français dans le Pacifique sud en 1995-96, la désaffection pour le concours
est moins sensible, mais les élèves des années 11 et 12 choisissent souvent ‘les essais’ pour thème
de discussion avec l’examinateur.
Aujourd’hui comme hier, dans les écoles, le concours Berthe Mouchette n’est pas vécu comme un examen ordinaire. «
Il nous faut environ deux mois de préparation », raconte Philippe Vallantin, résponsable de Français à
Bialik College. Les poèmes sélectionnés par l’Alliance sont enregistrés dans un studio puis envoyés
sur CD à toutes les écoles membres. L’apprentissage et les répétitions peuvent dès lors commencer. «
Le poème est commenté, expliqué strophe par strophe, » rapporte Nicole Smith. « Chaque élève
reçoit un enregistrement audio pour pouvoir s’entraîner seul, et apprend le poème très progressivement. Une
fois qu’il est su et bien prononcé, nous travaillons le ton et l’expression. Il nous arrive parfois même de chanter
! » Le passage du concours suscite beaucoup de fébrilité. « La venue d’un visiteur français dans
l’école et le trac de la présentation orale mettent la timidité des élèves à
l’épreuve », continue Nicole Smith.
Pour l’examinateur, c’est souvent émouvant d’entendre si loin de la France les vers de Prévert, Verlaine ou
Michaux dans la bouche de ces petits Australiens. « Ils ont souvent beaucoup travaillé et malgré notre bienveillance et
notre attention, certains jeunes candidats sont très nerveux », témoigne une examinatrice. Cela peut donner des
situations cocasses : un candidat qui dit au revoir au lieu de bonjour, un autre qui récite son poème au pas de course ou qui
oublie le titre. Et si parfois les vers se bousculent, les efforts de prononciation, d’intonation et d’interprétation
fournis par les élèves sont toujours impressionnants. Certains se déguisent ou jouent le poème comme un
rôle de théâtre, se faisant les metteurs en scène des sonnets de Rimbaud ou Lamartine. Certains
élèves se révèlent avec le Concours Berthe Mouchette, ils gagnent en confiance et affirment leur lien avec la
langue. Pour beaucoup, le concours est un encouragement à poursuivre leurs études de français.
La grande finale du concours Berthe Mouchette rassemble environ 500 candidats et pour tous les lauréats et leurs familles, la remise
des prix au Glen Eira Town Hall est un moment inoubliable. Et si on rencontre aujourd’hui dans le Victoria des gens qui se souviennent
encore trente ans après de leur poème de l’Alliance Française, c’est bien que, comme
l’écrivait Voltaire, « ce qui touche le coeur se grave dans la mémoire ».
Le concours Berthe Mouchette tient son nom de celui de la première présidente de l'Alliance Française de Melbourne. Mais qui se cache derrière ce nom venu d'un autre temps ? « Une femme unique, de nature discrète mais audacieuse pour son époque, une artiste, amoureuse de la langue et de la culture française », rapporte John Drury, biographe qui a fait de nombreuses recherches sur Berthe Mouchette. Artiste française, elle arrive à Melbourne en 1882 avec son mari et sa soeur, professeur de français, Mademoiselle Lion. Portraitiste à succès et professeur d'art, Berthe achète avec sa soeur une école pour jeunes filles à St Kilda en 1886, qui accueille les premières réunions de l'Alliance Française en 1890.
Les soeurs Lion et Mouchette constituent le 'Comité de Dames' de l'Alliance Française, qui rassemble des femmes issues de la
bourgeoisie de Melbourne. Bonnes enseignantes mais piètres gestionnaires, les deux soeurs doivent fermer leur école. Mais
l'Alliance Française du Victoria est une institution bien établie lorsqu'en 1892 Berthe Mouchette, veuve depuis huit ans,
quitte Melbourne pour Adélaïde avec sa soeur.
Elle y restera trente ans, période prospère où elle expose ses oeuvres et jouit d'une excellente réputation dans
les milieux mondains d'Adélaïde.
On retrouve les deux soeurs en Inde pendant les premières années du vingtième siècle, s'intéressant à la théosophie et faisant de la randonnée jusqu'en Himalaya ! Après le décès de sa soeur à Adélaïde en 1922, Berthe Mouchette regagne la France où elle meurt en 1928 en Normandie.
Aujourd'hui, on peut voir une des toiles de Berthe Mouchette à la National Gallery of Victoria.